Et pendant ce temps à l'Assemblée...

Publié le par Francois MITTERRAND


Les députés ont adopté après d'âpres débats une réforme emblématique du programme de Nicolas Sarkozy, celle  sur les droits de succession. En tant que libéral, j'ai toujours été opposé à cette réforme, si ce n'est pour réparer quelques situations injustes entre conjoints survivants. Pourtant, en période d'élection, les programmes de la plupart des partis politiques prévoient des mesures de ce genre, ce de l'extrème droite à l'extrème gauche, car c'est une mesure "populaire". Elle trouve  d'ailleurs de nombreux avocats tant l'idée de "transmission" semble inscrite dans l'esprit des français et l'impôt qui les touche à cette occasion leur semble injuste. Heureusement, la mesure d'exonération, malgré des tentatives de certains députés UMP s'arrête à la somme de 150,000€, ce qui n'est pas négligeable, mais permet de conserver une limite dans une des inégalités les plus injustes à mes yeux, celle qui est créée par l'héritage. Les États-Unis ont connu un débat intéressant au moment ou Georges W Bush a cherché à supprimer l'intégralité des droits de succession, dont le montant élevé est pourtant un des moteurs du dynamisme de la société américaine. Une pétition a alors circulé, signée par certaines grandes fortunes américaines qui trouvaient l'idée honteuses. On voit mal nos grands patrons français, dont certains ont eu des conduites assez scandaleuses dans le refus du risque inhérent à la fonction d'entrepreneur, réagir de la sorte pour protéger le principe fondamental dans la société humaine moderne que représente cette redistribution au moment ou la transmission a le moins de légitimité. En effet, on ne peut taxer au delà d'un certain seuil les revenurs du travail. On taxe déjà, et c'est une fort bonne chose les revenus du capital et il faut continuer dans ce sens. Mais ces revenus ne créent pas une inégalité injustifiable entre les individus, puisque c'est le travail dans un cas, ou l'épargne bien placée dans l'autre cas qu'ils récompensent. L'héritage, lui, ne récompense rien, il est juste un moyen de renforcer de façon impossible à rattraper une inégalité injustifiable entre des individus. Le plus beau cadeau que des parents puissent faire à leurs enfants, c'est une éducation réussie. De quel droit certains enfants démarrent-ils avec un patrimoine considérable et d'autres avec rien? N'est-ce pas justement la définition de la solidarité active que d'espérer de la société une correction de ce mécanisme profondément plus injuste que les inégalités de revenu? Si on croit à l'effort et à la liberté individuelle, on doit au contraire taxer plus les héritages importants. Cela pose bien entendu des problèmes avec les grosses fortunes qui prêtes à tout pour y échapper délocalisent leurs fortunes. Il faut donc une coopération plus forte au niveau européen d'une part, et international de l'autre. Mais cela devrait être à la base d'une politique de gauche moderne pour le 21ème siècle que de redéfinir des valeurs comme celles-ci.

Enfin, pour conclure sur cette réforme, voilà encore une disposition qui va coûter de l'argent à un état surendetté. Les vrais partisans de la "rupture" dont je suis, attendent donc aujourd'hui avec impatience, les réformes moins populaires mais nécessaires, auxquels les anglais et les allemands ont procédés pour redresser leur économie, et en l'absence desquelles la situation ne peut changer en France. Elles doivent bien entendu toucher la fonction publique, mais aussi les statuts particuliers de certaines grandes entreprises (banque de France, EDF etc). On verra si sur ce plan là, le président a le courage d'agir, ce qui lui donnerait beaucoup plus de poids dans nos relations à venir avec nos partenaires européens et particulièrement une Allemagne, moins bienveillante envers la France qu'on aurait pu l'imaginer.

Publié dans mitterrand.2007

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T
Je me permets de faire apparaitre ce lien vers un discours de F Bayrou, puique l'intitule du poste est "Pendant ce temps la a l'Assemblee"...:http://heresie.hautetfort.com/archive/2007/07/17/dette-mise-en-garde-de-francois-bayrou.html
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F
Sur la dette, je ne peux qu'aller dans le sens de Bayrou!Merci pour ce 350ème commentaire tout juste!Cordialement.
U
c'est absolument cèrtain encor maintenant , mais pour combien de temps encore ?salutations :-D
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U
un héritage est autant une charge qu'une aide .ceux qui n'ont "rien " ne sont parfois pas plus malheureux s'il ne manquent de rien ,ont un salaire etc,mais aujourd'hui ,cette stabilité,n'existe plus, c'est la jugle !dans la jugle, c'est chacun pour soi et tous les moyens sont bon pour survivre .il ne peut qu'y avoir des gens malhonètes ou des gens tres idéalists pour penser le contraire face a cette réalité:-Dc'est surement là que le ps n'a plus sa place ,qu'il est transfuge et use de trop de sa belle langue de bois .les gens n'ont pas besoin que d'autres viènent leur mettre des boulets aux pattes ,alors qu'ils sont déjas tellement penlisés par le fait d'etre des citoyens du bas .enfin, ce n'est que mon avis ,et il me semble que les beaux discours du pset des autre aussi  ,ont fait leur temps .les jolies lois sont tres bien lorsque tous  ou a peu pres y trouvent leurs interets , mais là, vraiment la politique pue vraiment :-D
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F
Bonjour,Je ne partage pas votre analyse, surtout si on parle de la France, pays qui est au contraire l'antithèse de la jungle en question. Les conditions de vie dans notre pays sont bien supérieures à celles des pays en développement et il existe des aides qui permettent de survivre et ne pas mourrir de faim, ce qui n'est pas le cas en Afrique par exemple.Cordialement.
S
"De quel droit certains enfants démarrent-ils avec un patrimoine considérable et d'autres avec rien?" : mais, du droit de leurs parents !!!
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F
Mais ce n'est justement pas un droit qui me semble très juste! La solidarité générationelle doit avoir ses limites car elle est source de grands déséquilibres. Autant ceux qui viennent des salaires trouvent une certaine justification (pas toujours, mais cela arrive quand même régulièrement), autant un héritage créé un déséquilibre absolument injustifiable étant donné que l'enfant n'a rien fait pour naître dans telle famille plutôt que dans telle autre. Les parents peuvent donner autant d'amour que possible à leurs enfants, une bonne éducation, c'est un cadeau bien plus précieux que les biens matériels qui devraient idéalement être restitués à la collectivité à la mort d'un individu (dans des proportions raisonnables bien entendu, je ne parle pas d'enlever tout souvenir).Cordialement.
M
Pardon, j'avais oublié le lien :-) :http://www.dailymotion.com/relevance/search/m%C3%A9lenchon/video/x26xhs_extrait-2-melenchonEn attendant d'avoir ton avis...
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F
Rebonjour,J'ai regardé l'intervention en entier et cela me confirme que M. Mélenchon n'a a mes yeux pas grand chose à faire au PS, c'est le discours d'un communiste qu'il tient... Ces beaux principes sur lesquels il s'accroche sont le symbole pour moi du conservatisme du parti socialiste. C'est de ça dont il faut sortir, pour rejoindre une voie qui soit à nouveau compatible avec l'exercice du pouvoir car jamais les électeurs français ne voudront de ce genre de discours, trop dangereux et extrémiste.Désolé d'être aussi dur, mais j'essaye de répondre en toute honnêteté.Cordialement.