Et pendant ce temps à l'Assemblée...
Les députés ont adopté après d'âpres débats une réforme emblématique du programme de Nicolas Sarkozy, celle sur les droits de succession. En tant que libéral, j'ai toujours été opposé à cette réforme, si ce n'est pour réparer quelques situations injustes entre conjoints survivants. Pourtant, en période d'élection, les programmes de la plupart des partis politiques prévoient des mesures de ce genre, ce de l'extrème droite à l'extrème gauche, car c'est une mesure "populaire". Elle trouve d'ailleurs de nombreux avocats tant l'idée de "transmission" semble inscrite dans l'esprit des français et l'impôt qui les touche à cette occasion leur semble injuste. Heureusement, la mesure d'exonération, malgré des tentatives de certains députés UMP s'arrête à la somme de 150,000€, ce qui n'est pas négligeable, mais permet de conserver une limite dans une des inégalités les plus injustes à mes yeux, celle qui est créée par l'héritage. Les États-Unis ont connu un débat intéressant au moment ou Georges W Bush a cherché à supprimer l'intégralité des droits de succession, dont le montant élevé est pourtant un des moteurs du dynamisme de la société américaine. Une pétition a alors circulé, signée par certaines grandes fortunes américaines qui trouvaient l'idée honteuses. On voit mal nos grands patrons français, dont certains ont eu des conduites assez scandaleuses dans le refus du risque inhérent à la fonction d'entrepreneur, réagir de la sorte pour protéger le principe fondamental dans la société humaine moderne que représente cette redistribution au moment ou la transmission a le moins de légitimité. En effet, on ne peut taxer au delà d'un certain seuil les revenurs du travail. On taxe déjà, et c'est une fort bonne chose les revenus du capital et il faut continuer dans ce sens. Mais ces revenus ne créent pas une inégalité injustifiable entre les individus, puisque c'est le travail dans un cas, ou l'épargne bien placée dans l'autre cas qu'ils récompensent. L'héritage, lui, ne récompense rien, il est juste un moyen de renforcer de façon impossible à rattraper une inégalité injustifiable entre des individus. Le plus beau cadeau que des parents puissent faire à leurs enfants, c'est une éducation réussie. De quel droit certains enfants démarrent-ils avec un patrimoine considérable et d'autres avec rien? N'est-ce pas justement la définition de la solidarité active que d'espérer de la société une correction de ce mécanisme profondément plus injuste que les inégalités de revenu? Si on croit à l'effort et à la liberté individuelle, on doit au contraire taxer plus les héritages importants. Cela pose bien entendu des problèmes avec les grosses fortunes qui prêtes à tout pour y échapper délocalisent leurs fortunes. Il faut donc une coopération plus forte au niveau européen d'une part, et international de l'autre. Mais cela devrait être à la base d'une politique de gauche moderne pour le 21ème siècle que de redéfinir des valeurs comme celles-ci.
Enfin, pour conclure sur cette réforme, voilà encore une disposition qui va coûter de l'argent à un état surendetté. Les vrais partisans de la "rupture" dont je suis, attendent donc aujourd'hui avec impatience, les réformes moins populaires mais nécessaires, auxquels les anglais et les allemands ont procédés pour redresser leur économie, et en l'absence desquelles la situation ne peut changer en France. Elles doivent bien entendu toucher la fonction publique, mais aussi les statuts particuliers de certaines grandes entreprises (banque de France, EDF etc). On verra si sur ce plan là, le président a le courage d'agir, ce qui lui donnerait beaucoup plus de poids dans nos relations à venir avec nos partenaires européens et particulièrement une Allemagne, moins bienveillante envers la France qu'on aurait pu l'imaginer.